Fool’s Gold – Chute des banques, Bear Stearns, Lehman Brothers, AIG (5/5)

Fool's Gold
  • Titre original: Fool’s Gold
  • Auteur: Gillian Tett
  • Kindle Edition: 352 pages
  • Editeur: Hachette Digital (14 May 2009)
  • Langue: Anglais

Note: La partie précédente du résumé de “Fool’s Gold” se trouve ici: Fool’s Gold – Secousses, Désastre, Echecs, Panique (4/5)

Résumé (5/5)

Chapitre 13 – Les banques courent

L’ambiance du côté des subprimes était particulièrement maussade. Le taux de défaut de paiement début 2007 était de 13%, et de 16% en septembre, sans que personne ne sache jusqu’où ça pourrait aller. Les défauts de paiement dans l’immobilier suivent généralement des cycles qui sont provoqués soit par une récession, soit par une forte augmentation des taux d’intérêt. Mais c’était ici le cas ni de l’un, ni de l’autre.

Malgré un léger répit suite à un discours de Georges W. Bush, la situation continuait de s’aggraver. Nothern Rock, la cinquième plus grand banque de prêts britannique venait de réclamer une aide d’urgence à la Banque d’Angleterre.

La banque Citi aux US proposait à toutes les grandes banques de s’allier pour créer un véhicule collectif pour racheter tous les actifs détenus par les banques parallèles avec une aide tacite du gouvernement. Mais celui-ci ne voulait pas intervenir pour les secourir. Traditionnellement, seulement certaines institutions financières, du fait qu’elles soient si grosses et leurs services si importants pour l’économie, n’étaient pas autorisées à échouer. Le célèbre “too big to fail”.

Fin novembre 2007, le système bancaire s’orientait vers une crise généralisée. Le cours des actions des banques chutait à grande vitesse.

Les banques avaient tellement découpé leurs risques que les régulateurs et les investisseurs avaient assumé que les banques seraient exposées qu’à de petites pertes. Le risque était supposé être réparti à travers tout le système. Mais toutes ces hypothèses étaient en train de rapidement voler en éclats.

Par le passé, les banques occidentales avaient aidé celles des pays émergents à maintes reprises. Aussi humiliant que cela pouvait être, l’inverse se produisait actuellement au plus grand soulagement des banquiers. Mais malgré tout, le système se retrouvait dans un piège infernal: plus les banques révélaient leurs pertes et plus les investisseurs étaient effrayes, provoquant encore plus la chute des prix des actifs et forçant les banques à enregistrer toujours plus de pertes.

Au final, le problème n’était pas tant les produits dérivés eux-mêmes ou l’innovation, mais bien plus les excès du système bancaire. Tous les quatre à cinq ans, un nouvel excès frappe: la crise asiatique, la bulle internet et maintenant le marché de l’immobilier.

Dans les années 90, l’équipe de J.P. Morgan pensait que l’innovation créerait un monde financier plus robuste et efficient. Les produits dérivés et CDOs étaient censés disperser le risque. Mais il semblait que les produits dérivés avaient plutôt concentré et caché ce risque.

Chapitre 14 – Bear explose

Le 11 janvier 2008, J.P. Morgan Chase annonçait le rachat de prêts immobiliers de Northern Rock pour £2.2 milliards. Cela représentait une excellente nouvelle car peu d’autres banques étaient intéressées.

Pour en revenir à Bear Stearns, la banque était un broker sans opérations de banque commerciale, ce qui signifie qu’elle n’avait pas accès à des comptes de dépôts pour bénéficier de flux de trésorerie. Elle ne pouvait pas non plus aller voir la Fed pour réclamer un prêt, comme peuvent le faire les banques commerciales en montrant des garanties. Bear s’était presque toujours financée en émettant des obligations à long terme. Mais depuis les sept dernières années, Bear dépendait des “repo” ou du marché des “repurchase”.

Geithner avait consacré beaucoup de ressources en 2005 pour étudier le monde des dérivés de crédit. Il savait maintenant que si Bear s’effondrait, les répercussions pourraient se propager à travers tout le monde financier et créer une immense panique auprès des investisseurs. De plus, jusqu’à présent, des entités comme la Banque d’Angleterre ou la Fed de New York avaient principalement focalisé leurs réglementations et attention sur les banques commerciales, car elles étaient présumées être plus proche de l’économie réelle. La chute de Bear montrait clairement qu’il était de plus en plus difficile de déterminer quelles banques étaient vraiment au coeur du système financier ou non, ou bien de les définir de manière sure.

Toutes les banques commerciales et d’investissement étaient maintenant bien trop interconnectées au travers d’une système bancaire parallèle et totalement opaque.

Chapitre 15 – La chute libre

Quelques semaines après la chute de Bear, les marchés se reprenaient. Il semblait que Bear venait d’être sacrifiée pour les folies de Wall Street, mais qu’heureusement la Fed de New York et le Trésor américain avaient su sauver le système bancaire sans commettre les mêmes erreurs que le Japon auparavant.

Malheureusement, les secousses de Wall Street se propageaient maintenant au reste de l’économie. Les banques ne prêtaient plus aux hedge funds, mais elles ne prêtaient plus non plus aux autres entreprises. Les cours étaient influencés plus seulement par des données économiques fiables, mais surtout par la peur des investisseurs.

Le 7 septembre 2008, c’était au tour de Fannie Mae et Freddie Mac de se faire secourir par la Fed. Ces deux entités avaient aussi fortement utiliser l’effet de levier et opéraient avec un très haut niveau d’actifs par rapport aux capitaux propres. Cette intervention ne suffisait pourtant pas en enrayer les défauts de paiement sur les prêts immobiliers

Lehman Brothers était maintenant aussi dans le collimateur avec le cours qui ne cessait de chuter. Les investisseurs supposait qu’après Bear Stearns, Lehman serait la suivante sur la liste à tomber. Elle souffrait des mêmes problèmes et symptômes avec les “repo” et une forte exposition aux secteurs de l’immobilier commercial et résidentiel.

AIG était la suivante sur la liste en ayant proposé des CDS à la plupart des banques pour assurer tous ces énormes risques pris. A travers le monde, les marchés financiers s’écroulaient, effaçant $600 milliards de capitalisation boursière en l’espace de de tout juste trente-six heures. Les coûts d’emprunt sur le marché interbancaire explosaient. Toutes les institutions refusaient de traiter entre elles. Les rumeurs allaient bon train. Merrill Lynch et d’autres institutions financières américaines étaient sur le point de s’effondrer.

Après de nombreux efforts, la seule solution viable était de consolider les institutions en les fusionnant et en faisant intervenir l’état de plus en plus. Le gouvernement prenait une participation dans la plupart des grosses banques sans en prendre le contrôle. Les idéaux de marchés libres venaient de voler en éclats des deux côtés de l’Atlantic. Une nouvelle ère de la finance naissait. C’était certainement pas celle dont les banquiers avaient espérée et encore moins voulue.

[Note: Pour plus de détails sur cette partie de l’histoire, je vous invite à consulter le résumé de “Too big to fail”.]

Épilogue

Les gens pensent dorénavant que l’innovation est mauvaise, que les produits dérivés sont horribles et que les dérivés de crédit devraient être bannis. Mais au final, cette crise n’a rien à voir avec les produits dérivés. Elle a été provoquée à cause de mauvais prêts immobiliers et de mauvaises pratiques de gestion du risque.

De nombreuses personnes auraient pu anticiper ou prédire tous ces problèmes comme les prêteurs, les emprunteurs, les régulateurs. L’industrie financière doit reconstruire sa réputation et la première étape est d’accepter les responsabilités et de reconstruire systématiquement un business model plus durable. Il faut arriver à clairement discerner les outils des personnes. L’innovation a été de créer ces outils pour gérer les risques. La plus grande tragédie serait de ne pas tirer de leçons de tous ces événements.

La véritable question à adresser est: qu’est-ce qui a entrainé tous ces participants sur les marchés à émettre des subprimes aux conditions toujours plus folles pour ensuite les envelopper dans des produits dérivés toujours plus complexes alors que l’offre existante de prêts immobiliers ne satisfaisait plus la demande?

Les banquiers avaient traité leurs modèles mathématiques comme des boules de cristal sans réaliser qu’ils étaient basés sur un ensemble de données sérieusement limité. Une mentalité compartimenté gérait les banques et leurs course poursuite aux ressources et aux profits. Les régulateurs étaient censés superviser tout ça, mais ils étaient atteints par cette même mentalité compartimentée. Encore pire, les financiers pensaient eux aussi que leur domaine était totalement compartimenté et détaché du reste du monde. Mais le pire de tout était que toute cette situation démente soit restée inaperçue pendant si longtemps.

Les banques centrales ont besoin de se concentrer beaucoup plus sur les structures de la finance quand elles établissent leurs mesures monétaires. Les régulateurs devraient surveiller les banques de manière plus holistique. Les banques ont besoin d’avoir de plus grosses réserves en capital. Les produits financiers devraient être plus simples et plus transparents. Certaines innovations récentes comme les mezzanines de CDO d’ABS devraient totalement disparaitre.

Au final, ce dont le monde a besoin c’est un retour aux vertus de la prudence, la modération, l’équilibre et le bon sens.

Critique

Pour

  • Excellent livre sous forme d’un récit captivant donc facile et rapide à lire sans être trop rébarbatif. 
  • La plupart des concepts financiers complexes inventés récemment comme les CDO, CDS, ABS, MBS, etc. sont clairement expliqués sans rentrer trop dans les détails.
  • La crise est présentée sous l’angle structurel, alors que “Too big to fail” est montre plutôt l’angle des CEOs.
  • Intéressant de voir l’origine de la crise remontée 10-15 ans en arrière avec l’équipe de J.P. Morgan.
  • L’épilogue résume plutôt bien les raisons de la crise et offre des pistes d’amélioration au secteur financier.

Contre

  • L’équipe de J.P. Morgan et Dimon en particulier sont beaucoup trop encensés, surtout quand on connait les déboires encore plus récents rencontrés par ces acteurs!
  • L’aspect moutonnier des masses et des banques n’est peut-être pas assez accentué.
  • Souvent délicat de savoir exactement à quelle année l’auteur se réfère en mentionnant des dates.

C’est à vous: Que pensez-vous de ce livre? Quel est votre point de vue sur la crise?

Lire des commentaires en anglais de “Fool’s Gold” sur Amazon.com

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