Flash boys – Une révolte à Wall Street (2/3)

Flash boys
  • Titre original: Flash boys
  • Auteur: Michael Lewis
  • Kindle Edition: 277 pages
  • Editeur: Penguin
  • Date: 31 mars 2014
  • Langue: Anglais

Comme je vous le disais dans la première partie, ce livre déménage! Il nous plonge au plus profond des marchés financiers pour vous montrer ce qu’il se passe exactement avec votre argent en bourse. Comme il est seulement disponible en anglais, voilà la suite d’un résumé en français.

La partie précédente se trouve ici: Flash boys – Une révolte à Wall Street (1/3)

Résumé (2/3)

Chapitre 3 – Le problème de Ronan

Après avoir fait la fac de Fairfield en 1996, Ronan n’arrive pas à trouver du travail dans les banques à Wall Street. Il décide donc de travailler dans les telecoms même s’il n’y connait pas grand chose. Rapidement il part dans la vente et se débrouille très bien et gagner plusieurs centaines de millier de dollars par an en vendant des solutions techniques aux banques qui cherchent à exécuter des ordres sur les marchés toujours plus vite.

Toutes les entreprises dépensent des fortunes pour être situées de plus en plus près des marchés financiers. Et pourtant, très peu de traders comprennent réellement les technologies qu’ils utilisent au final. Les plus gros acteurs au niveau du trading à haute fréquence sont Citadel et Getco. Ce sont des entreprises qui tradent pour leur compte propre. À ce jeu-là, les banques sont loin derrière.

En 2009, Ronan se fait approcher par Brad chez RBC et accepte de travailler pour lui malgré une énorme perte de salaire et un poste ultra flou. Il a enfin un poste dans Wall Street, ce dont il a toujours rêvé! À eux deux, avec leur connaissances respectives, ils commencent à recoller les morceaux pour comprendre le puzzle du trading à haute fréquence. Brad explique le trading à Ronan, et Ronan explique la technologie à Brad.

Le 6 mai 2010 se produit le célèbre krach flash: le marché chute de 600 points et récupère tout en quelques minutes! Le rapport des régulateurs de marché explique que le phénomène s’est produit à cause d’un seul ordre placé par un fond obscure à Kansas City. Les conclusions de cet événement sont totalement biaisées car l’unité de temps utilisée dans le rapport est la seconde alors que toutes les opérations se passent à la microseconde près maintenant. Mais aucune trace n’existe à ce niveau de précision.

Parmi leurs recherches, Brad et Ronan s’intéressent aux “dark pools” (littéralement des “étangs noirs” en français). Ce sont des marchés financiers totalement opaques qui permettent aux acheteurs et aux vendeurs d’opérer secrètement, en conservant leurs intentions bien cachées. L’aspect étrange de ces dark pools est qu’il n’y a officiellement aucun conflit d’intérêt pour ceux qui les gèrent (des grosses banques en général comme Goldman Sachs et Merrill Lynch). Or presque toutes les opérations initiées à l’intérieur sont aussi finalement exécutées à l’intérieur et non pas à l’extérieur sur les marchés financiers transparents et classiques.

Chapitre 4 – Traquer le prédateur

Fin 2010, l’équipe de Brad met en place un outil appelé Thor pour se protéger contre ce nouveau prédateur des marchés, même s’ils ne comprennent pas encore complètement ce monstre. La question qu’ils se posent maintenant est la suivante: comment une poignée de personnes spécialisées dans le HFT peut légalement arriver à voler tous les autres investisseurs?

La réponse est apportée par le “Regulation National Market System”, plus connu sous le nom de “Reg NMS” instauré par la SEC en 2005 et mis en place en 2007. Ce système oblige les courtiers à offrir à leurs clients les meilleurs cours de marché qu’ils pouvaient trouver. Pour cela, tous les marchés financiers doivent constamment communiquer leurs cours à un autre système appelé le “Securities Information Processor (SIP)” en charge de calculer les meilleurs cours. Le SIP constitue donc l’image du marché financier américain visible par la majorité des investisseurs.

Le SIP est parfait en théorie et part d’une bonne intention pour réguler les marchés et empêcher les abus. Il a malheureusement un défaut majeur car il ne précise rien au niveau des normes de vitesse. Et c’est ce point précis qui a permis à une poignée d’initiés de jeter des coups d’oeil rapides aux marchés et d’opérer en fonction, en disposant d’un gigantesque avantage sur les autres.

L’histoire de Wall Street ressemble au final à une accumulation de scandales où chaque injustice apparait après qu’une faille dans la réglementation soit exploitée tout de suite après avoir essayé de corriger une autre injustice.

RBC devient alors le meilleur broker en proposant tout simplement un outil (Thor) qui tente de protéger les investisseurs contre le reste des requins de Wall Street. RBC affirme d’ailleurs qu’un nombre important d’employés du gouvernement ont quitté le job depuis 2007 pour justement rejoindre les entreprises de trading à haute fréquence. Plusieurs d’entre eux avaient joué des rôles majeurs pour réguler le trading à haute fréquence avant de quitter le gouvernement.

L’automatisation et l’informatisation des marchés financiers auraient dû rendre ces derniers plus efficaces et moins couteux en réduisant les intermédiaires. En fait, c’est l’effet inverse qui s’est produit avec un nouveau monstre au milieu qui se gorge d’argent grâce à la nouvelle réglementation.

Depuis le milieu des années 2000, la taille moyenne des trades sur les marchés américains a littéralement chuté, les marchés sont plus fragmentés et l’écart entre le public et les traders à haute fréquence s’est accru. Ces phénomènes se sont aussi accompagnés d’une forte hausse de la volatilité.

Le secteur bancaire devient de plus en plus pourri. Les plus grands cerveaux de la planète sont attirés par les grandes banques où ils apprennent les ficelles du métier. Ils partent ensuite dans de plus petites entreprises de trading à haute fréquence. Toutes ces entreprises se défendent d’engager ce genre de spécialistes. Et pourtant, en faisant des recherches rapides sur LinkedIn, il est facile de voir par où ces spécialistes sont passés au fil de leur carrière.

Chapitre 5 – Mettre un visage sur le HFT (trading à haute fréquence)

Les meilleurs programmeurs informatiques de Wall Street sont souvent russes. D’après Serge qui en fait partie et travaille pour Goldman Sachs, c’est dû au fait que les russes ont été forcé de programmer sans le luxe d’ordinateurs puissants. Tout doit donc être optimisé et ultra efficace.

Les salaires de ces employés d’exception spécialisés dans le trading à haute fréquence sont généralement gardés ultra secrets. Mais grâce à quelques procès, certains salaires sont devenus publiques comme les 75 millions de dollars versés en cash par Citadel à Misha Malyshev en 2008 ou les 20 millions de dollars garantis chaque année encore par Citadel à deux autres personnes pour quitter Knight et les rejoindre.

Des grosses boites comme Goldman commencent à voir beaucoup d’argent leur passer sous le nez. Les marchés sont devenus une guerre féroce entre robots et les leurs sont plutôt lents. À ce jeu de vitesse, le plus rapide remporte tout!

Serge pense que Goldman devrait complètement reprogrammer de zéro tout son système de trading à haute fréquence pour pouvoir continuer la partie, mais ses patrons ne sont pas intéressés. La stratégie à Goldman est ultra court terme: seuls les projets qui permettent de gagner de l’argent tout de suite voient le jour.

Au moment où la crise financière frappe, sans qu’il le sache, Serge est connu par les recruteurs comme étant le meilleur programmeur à Goldman. Les demandent affluent pour le débaucher. Il finit par accepter de créer une toute nouvelle plateforme de trading pour un nouveau hedge fund dirigé par Misha Malyshev, avec à la clé plus d’un million de dollars par an.

Serge part de chez Goldman en prenant une partie du code informatique avec lui. Peu de temps après, il se fait embarquer par le FBI et prendra huit années d’incarcération dans une prison fédérale.

Chapitre 6 – Comment faucher des milliards à Wall Street

Fin 2011, Brad finit par en avoir marre de la politique à RBC et démissionne pour monter sa boite et construire une nouvelle place boursière équitable et non truquée. Personne ne comprend vraiment pourquoi il veut jouer les Robin des Bois, plutôt que de profiter du système avec toutes ses connaissances et devenir encore plus riche.

Il lui faudra un an et demi pour constituer son équipe et lever les fonds dont il a besoin: plus de 25 millions de dollars. Il mise aussi toutes ses économies. L’équipe est composée de développeurs informatiques, d’ingénieurs systèmes et réseaux, de personnes aux opérations et de commerciaux pour tout expliquer à Wall Street. Et les meilleurs pour monter cette nouvelle plateforme, c’est tout simplement ceux qui savaient truquer le jeu. Le plus dur était de les persuader de rejoindre l’aventure. La nouvelle plateforme s’appelle IEX pour “Investors Exchange”.

Brad est bien conscient que les traders à haute fréquence s’en prennent aux investisseurs, et que les places boursières et les brokers sont payés pour les y aider. Dans les systèmes existants, les activités sont toutes mises en place pour fournir l’information avec peu de risques et le moins cher possible aux traders à haute fréquence afin de déterminer les intentions des autres investisseurs.

La première activité est d’anticiper ce qu’un investisseur est en train d’essayer de faire pour lui passer devant. La deuxième est de biaiser le mécanisme de ristourne entre le marché et le broker. La troisième est d’abuser des temps de réaction entre les différentes places boursières pour faire de l’arbitrage en achetant moins cher sur l’une et revendre plus cher sur l’autre.

Le travail de Brad et de son équipe est de trouver des solutions pour empêcher ces activités totalement déloyales. Le tout doit aussi être approuvé par les régulateurs de marchés. Pour être juste, c’est plutôt facile: interdiction d’être trop près de leurs serveurs; ne proposer aucune ristourne ou accès privilégié; et seulement offrir des types d’ordre simples: au marché, à seuil limité et mid-point peg (entre le cours d’achat et de vente).

La suite et fin au prochain épisode avec “Flash boys – Une révolte à Wall Street (3/3)“…

C’EST À VOUS: Avez-vous connaissance de ces pratiques? Quelles sont vos réactions?

Lire des commentaires en anglais de “Flash boys” sur Amazon.com

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4 réponses

  1. image Martin dit :

    Bonjour!

    Voilà pourquoi l’investisseur boursier a avantage à naviguer en solo.

    La seule personne qui connait véritablement vos besoins, vos aspirations et vos objectifs, c’est vous même.

    Formez-vous, apprenez sans cesse, devenez un investisseur autonome informé et performant.

    Même si vous ne détenez pas tout les outils, souvent frauduleux des experts de Wall-Street, vous pouvez les battre en gardant le cap et en vous associant à quelques remarquables sociétés sur la long terme.

    Martin
    http://www.investir-a-la-bourse.com

    • image Ben de Bourse Ensemble dit :

      Salut Martin,

      Voilà de très bons conseils. Par contre, il ne faut pas espérer vaincre les traders à haute fréquence à leur jeu: ils ont toutes les cartes en main! Mais tant qu’on reste sur des échelles de temps journalières, hebdomadaires, mensuelles voire annuelles, leurs pratiques n’a que peu d’influence sur nos performances. Il faut néanmoins accepter qu’ils écument chaque opération et se gavent énormément au passage…

      Ben

  1. 27/05/2014

    […] Flash boys – Une révolte à Wall Street (2/3) […]

  2. 02/06/2014

    […] Flash boys – Une révolte à Wall Street (2/3) […]

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