L’investissement value avec le Blog des Daubasses

Note: J’ai l’honneur pour la première fois d’accueillir un article invité sur Bourse Ensemble. J’espère que ça sera le début d’une longue série. Si vous aussi vous souhaitez publier des articles invités sur ce blog, n’hésitez pas à me contacter grace au formulaire de contact. Cette chronique invitée a été écrite par L’équipe du blog « Les Daubasses selon Benjamin Graham ».

L’investissement value

Un investissement «value» consiste à acheter des actifs peu chers, voire très bon marché par rapport à leur valeur intrinsèque. Il peut s’agir évidemment d’actions mais aussi d’autres supports évaluables comme les obligations ou l’immobilier par exemple.

Un grand nombre d’études a démontré que, lorsqu’un investisseur achète des actions bon marché d’une société négligée par les marchés, il en sera mieux rémunéré pour le risque (apparent) qu’il prend qu’un investisseur qui achète les actions d’une société performante qui faisait déjà partie de celles que tous les investisseurs s’arrachent.

Cela semble logique : il y a plus de risques à investir dans une action dont le cours a été poussé à la hausse en raison d’excellentes perspectives futures qu’il n’y en a à investir dans une société dont le cours a été tellement «matraqué» qu’il ne reflète même plus la valeur de ce qu’elle possède.

Benjamin Graham est considéré comme le «père des investisseurs value». Il fut professeur du célèbre Warren Buffett et aussi son ancien employeur. Il est l’auteur de deux œuvres magistrales, considérées comme la bible des investisseurs « dans la valeur » : «Security Analysis» et «The Intelligent Investor».

La clé du succès en bourse

Entre autres, il a établi une technique d’investissement imparable : celle qui consiste à acheter des sociétés qui cotent sous leur « valeur de fonds de roulement net » c’est-à-dire la valeur de leurs actifs à court terme (stocks, créances, liquidités,…) moins la valeur totale des dettes. De cette manière, on obtient tous les autres actifs (terrains, construction, installation, mobilier, goodwill, brevet ou licence, …) gratuitement.

Le professeur Henry Oppenheimer a analysé la rentabilité obtenue par des investissements dans des actions présentant une décote de 33 % par rapport à leur valeur de fond de roulement net, du 31/12/1970 au 31/12/1983. Pour l’expérience, le portefeuille fictif était renouvelé le 31/12 de chaque année : les actions les moins sous évaluées étant remplacées au sein du portefeuille par d’autres candidats meilleur marché.

Et quel fut le résultat de cette petite expérience ? Eh bien, le portefeuille « fond de roulement net » a procuré au cours de cette période un rendement annuel de 29,4 % alors que la bourse américaine générait un rendement de 11,5 % par an au cours de la même période.

Cependant, il est rare de rencontrer un grand nombre de sociétés cotant si bon marché. Dans son édition de 1972 de « L’investisseur Intelligent », Benjamin Graham écrivait : «Examinons un dernier exemple sur ces opportunités en or d’antan qui n’existent plus aujourd’hui. Beaucoup de nos propres opérations de bourses se concentraient sur la recherche de bonnes affaires. Nous appelons ainsi ces titres dont les cours étaient inférieurs à leur fonds de roulement net. A l’évidence, ces titres se vendaient à un prix bien inférieur à la valeur marchande privée de l’entreprise. Aucun propriétaire ou actionnaire majoritaire de tels biens industriels ne songerait un instant à les brader aux prix reflétés par les cours. Aussi bizarre que cela puisse paraître, il fut un temps où de telles anomalies n’étaient pas si rares que cela. Nous avons publié en 1957 une liste de 200 titres qui offraient de telles caractéristiques. D’une façon ou d’une autre, toutes ces bonnes occasions ont tenu leur promesse et la rentabilité annuelle que nous en avons tirée fut très supérieure à ce que nous pouvions trouver sur des formes plus courantes d’investissement. Hélas, ces occasions ont disparu en 10 ans et, avec elle, la possibilité d’investir intelligemment et à peu de risques».

Les opportunités disparues ont fait leur réapparition

Fin 2008, ces opportunités disparues ont fait leur réapparition.

Les opportunités d'investissement selon les Daubasses

Monsieur Marché (personnage maniaco dépressif cher à Benjamin Graham et censé personnifier la psychologie de l’ensemble des intervenants sur le marché) a multiplié les possibilités d’investir en payant moins que la valeur du fonds de roulement net des entreprises (nous utilisons aussi le terme «valeur d’actif net net»).

Nous, c’est-à-dire un petit groupe de passionnés de l’investissement, avons souhaité vérifier que les préceptes de Graham étaient toujours valables aujourd’hui. Notre souci : constituer un portefeuille «net net» fortement diversifié.

Pourquoi fortement diversifié ? Parce qu’il est évident que si une société nous est proposée à des prix aussi attrayants, c’est qu’il y a une raison ou plutôt que Monsieur Marché y voit une raison. Il peut s’agir de sociétés en perte, ou très cycliques, ou dont le marché entrevoit des perspectives peu encourageantes. Bref, ce sont en général de vraies «daubasses».

Pour nous, le fait qu’il s’agisse d’entreprise peu performantes n’est pas grave en soi : en réalité, nous n’achetons pas des entreprises mais bien du cash, des stocks ou des créances sous leurs valeurs présumées de réalisation, l’entreprise elle-même nous étant offerte en sus.

La rentabilité de cette méthode

Pourquoi pensons-nous que cette méthode est potentiellement très rentable ?

  1. Parce que nous pensons qu’un actif reste un actif, il peut perdre un peu de valeur en fonction de la conjoncture mais il a bel et bien une «existence».
  2. Parce qu’en investissant sur base du fonds de roulement net, nous investissons uniquement sur du concret et non sur des projections futures ou du «rêve».
  3. Parce que l’actif circulant est l’actif le plus liquide et le plus facilement négociable pour une entreprise.
  4. Parce qu’aucune transaction privée ne se ferait à des prix aussi bas.
  5. Parce que nous voulons nous détacher le plus possible des tsunamis qui secouent la planète financière pour le moment et nous concentrer sur la valeur des entreprises elles-mêmes.

Depuis le lancement de notre club d’investissement, notre technique a évolué : non seulement nous achetons des sociétés en payant moins que l’actif courant net de dette mais nous cherchons aussi d’autres actifs tangibles qui puissent servir de « collatéral » à notre investissement : de l’immobilier qui vaut, éventuellement, plus que sa valeur aux livres mais aussi en espérant acquérir ce que nous appelons entre nous des cerises sur le gâteau, c’est-à-dire des actifs cachés, n’apparaissant pas dans les bilans des sociétés comme un savoir-faire, une marque ou un portefeuille de clients.

Et, à ce jour, après près de quatre ans d’existence, la multiplication par plus de 5,5 de notre capital de départ semble nous donner raison …

L’investissement dans ce type de support est à conseiller à des investisseurs possédant des connaissances élémentaires du marché des actions et de lecture de bilan. Il convient de noter que ce type d’investissement est en général très volatil et donc de souligner l’importance de garder son sang- froid face aux fluctuations parfois violentes des cours.

Note: cette chronique est une chronique invitée écrite par L’équipe du blog « Les Daubasses selon Benjamin Graham ».

C’est à vous: Qu’est-ce que vous pensez de ce premier article invité? Est-ce que vous voulez en voir plus souvent?

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4 réponses

  1. Bonjour Ben,

    Cette article est bien écrit, mais je trouve qu’il manque des exemples concrets.

    Il aurait été intéressant de voir une société avec son bilan et de découvrir pourquoi les chiffres correspondant à l’actif et au fonds de roulement net de cette société apparaissent être une valeur à surveiller ou à acheter ?

    Il manque des chiffres, des tableaux….
    Bref, je trouve cet article pas assez explicite et encore j’ai la chance de connaître la comptabilité, sinon aie aie aie !!!

    Alex

  2. Bonjour Alex,

    Il est assez difficile de résumer une approche de l’investissement sur un seul texte. Et donc, effectivement, il n’est pas exaustif.

    Le but de ce genre d’article me semble être de suciter la curiosité du lecteur et de l’inviter, s’il le désire, à approfondir le sujet.

    Ceci dit, vous trouverez sur notre blog des dizaines d’exemples concrets de sociétés sur lesquelles nous avons investis avec tous les détails des raisons qui nous ont poussées à l’investissement.

    • image Ben de Bourse Ensemble dit :

      Alex, Louis,

      Une réponse rapide car comme vous allez le voir dans l’article que je vais poster quand quelques minutes, j’ai été bien occupé aujourd’hui 😉

      Je pense qu’il est toujours possible d’approfondir un article avec des exemples concrets pour l’étoffer et l’argumenter… Il existe différentes façons d’aborder les articles invités et pour plus de détails, comme le précise Louis, les lecteurs sont bien évidemment inviter à se rendre sur le Blog des Daubasses. Ils pourront ainsi y découvrir la stratégie établie, l’approche, de nombreux exemples concrets, arguments à l’appui, etc.

      Ben

  1. 28/03/2015

    […] Premièrement avec un article invité que j’ai publié présentant l’investissement value avec le Blog des Daubasses. Et maintenant une deuxième fois grâce à cet article expliquant pourquoi les 4 […]

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